L’esprit de Noël

Ecrit pour partie hier durant le trajet…

– Je veux divorcer, ai-je dit hier soir à H2O
Puis avant qu’il n’ait le temps de s’inquiéter parce que je suis décidément trop conne gentille, j’ai ajouté dans l’obscurité du mini-bus :
– Je t’aime toujours mais je ne peux plus supporter ta famille.
Et H2O est parti dans un mega fou-rire, bien sûr couvert par les cris des 2 gamins de sa sœur assis derrière nous…

Pour une raison étrange, l’idée de devoir être enfermée dans un Transporter pendant 5H30 avec 2 monstres de 8 et 10 ans derrière moi le lendemain a eu raison de tout mon sens de l’humour et j’ai commencé à me demander si finalement, le divorce n’était finalement pas une option très raisonnable !
Je sais, tu vas me dire que c’est normal à cet âge là, qu’il faut bien qu’ils s’expriment et même que jeunesse se passe, etc. sauf que :

• Je n’ai justement pas fait d’enfants parce que je me sentais incapable de supporter (entre autres… ) les excès de petites voix haut perchées, que mon degré de patience avec eux est égal aux températures que tu rencontres en Laponie au mois de décembre et qu’il chute encore de 10 degrés lorsque les enfants sont mal élevés et que leurs propos sont de toutes façons certainement totalement inintéressants !
• Ceux-là sont par ailleurs tellement « expressifs » que jusqu’à ce qu’ils aient respectivement 5 et 7 ans, leur droit de visite (accompagnée !) chez mes beaux-parents était limité à 2H (3H pour les grandes occasions telles que Noël et les anniversaires !) et pas trop fréquemment… Sur le coup (même si j’étais par ailleurs super contente de ne plus les entendre hurler parler en permanence), j’avais trouvé la réaction des parents d’H2O un peu violente… jusqu’à hier soir.
• Même si tout le monde s’accorde à dire qu’ils sont pluss (comme dirait Cristophe) supportables, il n’en demeure pas moins que de temps en temps, des regards et remarques acerbes s’échangent (ce Noël on a même eu droit à quelques cris de beau-frère 1 qui craignait pour la TV, ses nouveaux sièges en cuir, les lustres, etc.) …parce qu’ils demeurent 2 garçons bien vivants à qui personne n’a enseigné les règles de savoir vivre en communauté !

Maintenant que tu as un peu plus de détails, reconnais que ma réaction n’était pas si excessive que ça, hein ?
Toujours pas d’accord ? Bon, alors il faut que tu saches que ça, ça a en fait été la goutte d’eau qui a fait déborder un vase archi plein.
C’est bien simple, tout au long de ces 3 jours ½, je me suis dit que je devrais postuler pour la médaille du mérite, voire même de la bravoure parce que tout ce que je redoutais depuis des mois et bien ça arrivait et même en pire !!!

Tout d’abord, il faut que tu saches que Noël chez les parents d’H2O, ce n’est pas toujours aussi horrible (enfin un peu quand même… surtout au moment de la remise des cadeaux… ) mais le problème c’est que cette année et bien justement ce n’était pas chez ses parents mais dans la résidence secondaire de belle-sœur 1 que nous allons désormais appeler Nikki. Or… comme cette maison là n’est pas aussi grande que celle de ses parents et qu’elle est en plus située dans un coin de France complètement paumé, cela impliquait de devoir :
– loger dans un hôtel situé à 20 kms
– louer un minibus pour transporter la marmaille, leurs parents [d’autant que c’était Mark, beau-frère 2 (que j’aime beaucoup) qui conduisait], les beaux-parents (comme me l’avait fait remarquer l’une de mes élèves espagnoles, quelle hypocrisie ces appellations) et… H2O et moi !

Tu commences à avoir une idée de ce que cela implique ? Non ? Et bien imagine-toi bloqué(e) pendant près de 4 jours, de 9H30 du matin jusqu’à 23H (heureusement qu’ils ne sont pas spécialement festifs finalement… ) avec une majorité de gens dont tu ne parles ni ne comprends la langue (mais au fond ça n’a pas une grande importance parce qu’en général ils ne cessent de se demander et de se répéter les mêmes choses), les regarder boire du café et manger des petits gàteaux tout en souriant ou en tendant l’oreille lorsque tu entends ton prénom, éventuellement répondre à quelques questions et surtout, attendre impatiemment le repas du soir (à 19H).

Pendant des mois, je me suis entraînée mentalement intensivement pour faire face à des situations de stress extrême et de torture psychologique et j’ai bien eu raison parce que mes prévisions se sont avérées terriblement justes mais je n’étais pas préparée à :

• Devoir écouter un CD de chants de moines bénédictins. Hautement déprimant, quelle que soit l’heure à laquelle tu l’entends !
• Découvrir que le petit dernier de la famille a lui aussi une puissance de voix au moins égale à celle de sa mère,
• Me taper de méga crises d’allergie (acariens, poussière… gens ? ),
• Pour ne pas mourir d’inanition, devoir avaler des plats pas très bons pour la plupart mais en revanche hyper allergènes ; Nikki n’ayant pas du tout tenu compte de la liste d’intolérances alimentaires dont je souffre (il est vrai que je suis aussi pénible de ce côté là car je suis intolérante au gluten, lactose, œufs et chocolat mais il reste tout de même pas mal de choses que je peux avaler sans problèmes…)
• Passer toute une soirée (et même une bonne partie de la nuit) à régurgiter ce dernier dîner dont tous les mets sans exception contenaient au moins 2 ou 3 composants problématiques…
• Surprendre le père d’H2O sortir son sexe pour pisser dans le lavabo (et même pas qu’il était bourré) de la salle de bains dont la porte était restée grande ouverte.
  Comme je suis moi aussi bien éduquée, j’ai fait celle qui n’avait rien vu et ai fait demi-tour sans même m’être lavé les mains.
• En plus des prières, devoir supporter les très longs et trop nombreux discours de ce même beau-père à chaque repas. Quatre pour le seul dîner d’hier soir mais c’est peut-être de ma faute : comme c’est le seul moment où tous les parents font enfin un effort pour calmer leurs gamins et que l’on bénéficie ainsi d’un semblant de silence, j’ai tout d’abord souhaité qu’il ne s’arrête pas de parler. Quelle imbécile j’ai été parce que ce que j’avais oublié c’est que non seulement, tout le monde s’arrêtait de parler mais aussi de manger…
• Ce que ce fantastique Noël soit encore plus cher que prévu car j’ai découvert qu’en plus du prix des chambres (non négocié bien sûr car l’idée ne les a même pas effleurés dans la mesure où ils ont tous d’excellents revenus !), il nous faudrait en plus prendre le petit-déjeuner à l’hôtel. Et hop, 25€ supplémentaires chaque jour… pour ne pratiquement rien pouvoir manger en plus parce que Nikki (toujours elle) n’avait bien sûr pas non plus informé l’hôtel de mes allergies.

Bref, j’ai eu l’impression de vivre un autre « familie weekend »  mais encore pire que les autres puisque cette fois-ci sans aucune activité (en dehors de la messe de Noël !) pour rompre un peu l‘ennui et surtout aucun moment pour s’isoler…
Tu imagines donc mon bonheur quand hier soir, alors que je me disais que mon calvaire allait bientôt prendre fin et que nous en avions par ailleurs déjà parlé avec H2O (et que ma réponse avait été extrêmement claire : no, non, nein, nee niet, méiyǒu,.. ), celui-ci a démonté avec une mauvaise foi incroyable les excuses que j’avançais pour refuser poliment l’offre de Mark de nous accompagner jusqu’à Bruxelles au lieu de nous laisser prendre notre TGV à Paris comme cela était prévu !

Alors, qu’est-ce que tu en dis après avoir lu tout ça ?
Je suis sure que maintenant, tu comprends mieux pourquoi l’aperçu de ce que nous allions devoir vivre le lendemain ne m’a pas du tout, mais alors pas du tout fait rire.

Y’a pas à dire, l‘esprit de Noël ne m’aura décidément pas touchée cette année… parce que je suis dans une colère noire à force d’en voir et d’en écouter des vertes et des pas mûres !

Humeur : Ms Dynamite – Dy-na-mi-tee